L’amiante a été longtemps considéré comme un « matériau-miracle », en raison de ses propriétés exceptionnelles : bon isolant thermique et phonique, très résistant au feu et aux produits chimiques, bon marché, facile à travailler.
C’était aussi un cancérogène redoutable, qui tuera près de 100 000 personnes en France.
Dans cette rubrique « Préventions » nous aborderons trois thématiques liées aux risques amiante :
Vingt millions de tonnes de matériaux amiantés encore en place
Malgré l’interdiction, le risque subsiste
Depuis le premier janvier 1997, la production, l’importation et la commercialisation d’amiante sont interdits en France.
MAIS :
- De 1937 à 1995, la France a importé 80 kilos d’amiante par habitant.
- 20 millions de tonnes de matériaux contenant de l’amiante (MCA) restent en place disséminés dans les usines, les écoles, les hôpitaux, les immeubles…
Où trouve-t-on de l’amiante ?
Plus de 3 000 produits contenant de l’amiante ont été mis sur le marché avant l’interdiction
Un risque grave et sournois
- Une fibre d’amiante est 200 fois plus fine qu’un cheveu humain.
- Dans le volume d’une allumette, il y a plusieurs millions de fibres.
- Un local peut être fortement pollué par un milligramme d’amiante, d’amiante défibrillé en suspension.
- Une fibre d’amiante en suspension peut mettre 6 heures pour retomber sur le sol. .
Il n’existe pas de dose seuil en dessous de laquelle, on pourrait être sûr qu’il n’y a aucun risque de cancer.
L’air peut être pollué :
- par des fibres d’amiante mises en suspension par une activité humaine (perçage, découpe, démolition de matériaux contenant de l’amiante…)..
- mais aussi par le délitement progressif du matériau qualifié à l’origine de « non friable », tel que du fibrociment.
L’amiante est un produit à effet différé : quand on reçoit une projection d’acide, la sanction est immédiate ; quand on inhale des fibres d’amiante, la maladie survient de 10 à 50 ans plus tard. La conscience du risque amiante n’est pas spontanée. Elle se construit par l’information.
La présence d’amiante n’est pas toujours connue des occupants ou des intervenants. On peut inhaler des fibres d’amiante sans le savoir.
Comment peut-on être exposé ?
Les expositions professionnelles
En Seine-Saint-Denis, on trouve des victimes de l’amiante qui ont été exposées dans des secteurs d’activité très divers : métallurgie, chimie, bâtiment et travaux publics, mais aussi dans l’éducation nationale ou dans des bureaux
- Avant l’interdiction, certaines entreprises ont fabriqué ou traité des produits contenant de l’amiante : Valéo (Saint-Ouen) fabriquait des freins, Babcock (La Courneuve) des chaudières, CEM Alstom (Le Bourget) des transformateurs… le CMMP (Aulnay-sous-Bois) broyait de l’amiante brut. Wanner Isofi (Aubervilliers) et Isomaco (Romainville) projetaient des flocages d’amiante.
- Beaucoup de salariés travaillent encore aujourd’hui au contact de l’amiante en place : dans des entreprises de désamiantage, démolition ou rénovation, mais aussi pour des interventions de maintenance (plombiers, chauffagistes, électriciens, couvreurs, mécaniciens, etc…) ou de nettoyage souvent réalisées par des entreprises sous-traitantes dont des salariés ignorent la présence d’amiante. C’est parmi eux que les victimes risquent d’être les plus nombreuses dans les prochaines décennies.
- Des salariés peuvent être exposés sans intervenir directement au contact de l’amiante :
– quand plusieurs corps de métiers interviennent en même temps,
– ou quand une secrétaire travaille dans son bureau, après le passage d’un électricien qui a passé des câbles dans un faux-plafond amianté.
Les expositions environnementales et paraprofessionnelles
- Les poussières des vêtements de travail ramenés à la maison par un salarié travaillant au contact de l’amiante peuvent contaminer des membres de sa famille, en particulier son épouse quand elle en assure le lavage.
- Dispersées par le vent, les poussières d’une usine de broyage d’amiante comme le CMMP d’Aulnay-sous-Bois peuvent provoquer des maladies mortelles chez des personnes qui ont habité, travaillé ou été scolarisés à proximité, sans avoir jamais mis les pieds dans cette usine.
- Laissée à l’abandon, une friche industrielle non dépolluée ou mal dépolluée, comme celle du CMMP après sa fermeture, peut contaminer des squatters ou des enfants dont elle était devenue le terrain de jeu.
Comment savoir si un produit contient de l’amiante ?
Une simple observation visuelle ne permet pas de savoir si un produit ou un matériau contient ou non de l’amiante.
Faire une recherche sur Internet
- Amiante les produits, les fournisseurs (une note documentaire de l’INRS ND 1475)
- Classification des produits contenant de l’amiante (un outil de recherche sur le site de l’Andeva).
- Une recherche par produit, (un outil de l’INSPQ canadien)
- Une recherche par fournisseur (un outil de l’INSPQ canadien)
Demander une analyse à un laboratoire
Ce que demande l’Andeva
- Faire de l’éradication de l’amiante une priorité nationale,
- Un site Internet dédié où soient accessibles tous les diagnostics amiante par bâtiment (proposition faite par le Pr Claude Got en 1998)
- Un plan pluriannuel de désamiantage décliné par région avec une priorité pour les écoles et les bâtiments recevant du public
L’amiante dans les écoles
Cyril Verlingue : Enseignant en lycée, agrégé de Lettres modernes et Docteur en LGC, il est membre du syndicat SNES-FSU et cofondateur de l’association « Urgence Amiante Ecole » qui édite le site de référence du même nom.
Il y a aujourd’hui en France plus de 12 millions d’élèves et 63 000 établissements scolaires.
85% d’entre eux ont au moins un bâtiment construit avant l’interdiction de l’amiante (1997).
On y trouve encore des dalles de sol, des cloisons, des toitures des faux plafonds amiantés qui peuvent libérer dans l’air de minuscules fibres cancérogènes. C’est une menace pour la santé des enseignants, des agents de service et bien sûr des enfants dont les défenses immunitaires sont plus faibles que celles des adultes et les voies respiratoires plus proches du sol.
Octobre 2017 devant le collège Bachelet de Saint-Ouen
La loi n’est pas respectée
Chaque bâtiment construit avant 1997 devrait avoir un DTA (dossier technique amiante) remis à jour, indiquant où il y a de l’amiante, dans quel état et comment protéger les occupants. Or ce document est souvent incomplet, obsolète, voire carrément inexistant. C’est inacceptable.
Écoles amiantées = enfants en danger
Ces derniers mois, des enseignants ont refusé de faire cours dans des salles de classe amiantées. Ils ont exercé leur droit de retrait au lycée Georges Brassens à Villeneuve-le-Roi et au collège Balzac à Neuilly-sur-Marne. Dans les écoles primaires et maternelles de la rue Bachelet à Saint-Ouen des parents se sont mobilisés. Ces luttes ont fait bouger l’administration.
Chaque jour l’amiante tue
Dans toutes les régions de France, les associations de l’Andeva sont confrontées aux souffrances des malades et des familles endeuillées, que nous aidons dans leurs démarches.
Nous savons que la maladie peut survenir 20 ans, 30 ans, 40 ans après l’exposition à l’amiante. Nous refusons que des enfants d’aujourd’hui soient les victimes de demain.
Il faut faire du désamiantage des écoles une grande cause nationale
Avec le temps, les matériaux contenant de l’amiante se dégradent. Chaque jour qui passe aggrave la situation. Il est urgent d’agir. Il faut éradiquer l’amiante de tous les établissements scolaires, en commençant dès maintenant par ceux où les matériaux sont le plus dégradés.
Le gouvernement doit prendre la mesure du problème, aider les collectivités locales et faire du désamiantage des écoles une priorité budgétaire pour les années qui viennent.
PROTÉGEONS LA SANTÉ ET LA VIE DE NOS ENFANTS !
Des outils pour agir
Les déchets amiante des particuliers
L’amiante dans les habitations
La production, l’importation et la commercialisation d’amiante sont interdites depuis le 1 er janvier 1997 en France mais il a été beaucoup utilisé dans la construction avant cette date.
L’amiante peut se trouver dans des matériaux de toiture, de bardage, de revêtement de sol, d’enduit de mur ou de plafond, des peintures, des tuyauteries, des bacs à fleurs et même des housses de table à repasser.
Les plaques d’amiante ciment (Fibrociment) sont de loin les plus répandues.
Si vous avez des doutes, demandez l’avis d’un diagnostiqueur agréé ou dans un premier temps, à une association de victimes de l’amiante près de chez vous qui saura vous conseiller (à rechercher sur Internet). Eventuellement, faites faire un prélèvement par un laboratoire agréé (listes de laboratoire sur les sites de l’INRS : www.inrs.fr ou de la COFRAC : www.cofrac.fr).
L’agence de l’habitat peut attribuer des aides pour les diagnostics (www.anah.fr).
Les diagnostics amiante.
Il y a plusieurs types de diagnostics et chacun d’entre eux répond à une situation particulière.
- Le DTA (Diagnostic Technique Amiante) : Il sert à repérer les matériaux amiantés mais seulement si ceux-ci sont visibles. Il ne va pas au-delà de la simple constatation. Il est obligatoire en cas de la vente d’un bien. Il doit être réalisé par une entreprise certifiée. Il concerne aussi les bâtiments publics et les écoles.
- Le DAT (Diagnostic Avant Travaux) : plus complet que le précédent, il va chercher les matériaux qui ne se voient pas (infrastructures). Des travaux invasifs (trous dans les murs, prélèvements) sont réalisés.
- Le DAPP (Diagnostic Amiante des Parties Privatives) : Relatif aux immeubles collectifs (notamment HLM), il concerne les appartements, caves, garages. Il ne s’occupe que des flocages, calorifugeages et faux plafonds.
- Le DAD (Diagnostic Avant Démolition) : Même mission que pour le DTA mais en beaucoup plus complet car compliqué par les contraintes d’une démolition. Les investigations sont complètes, plus longues et établies par un opérateur certifié et assuré.
Pour trouver une entreprise de diagnostic certifiée amiante : www.cofrac.fr
Il y a deux sortes de déchets
- Amiante libre ou friable (flocage, calorifugeage, colles, tresses, joints de portes ou fenêtres, etc.): il est impératif de faire appel à une entreprise de désamiantage certifiée pour éliminer ces déchets. Ce type de produit ne peut pas être manipulé sans danger et nécessite des protections spécifiques.
- Amiante lié (plaques de fibrociment, tuyaux, ardoises, jardinières, mitrons, etc..) : Là encore, il est préférable de faire appel à une entreprise certifiée et c’est impératif si les quantités sont importantes. Cependant, si vous prenez le risque de faire les travaux vous même, des précautions s’imposent.
Les précautions à prendre pour les évacuer
Il faut s’assurer de pouvoir enlever ces matériaux amiantés sans les dégrader.
Arrosez- les ou pulvérisez-les avant toute manipulation de façon à éviter la dispersion de poussières. Ne surtout pas brosser, couper, scier ou tronçonner ces produits.
Les plaques doivent être dévissées, puis posées au sol sans les briser. Une plaque de fibrociment brisée dégage énormément de fibres.
Des équipements pour se protéger existent : Masque anti-poussières minimum « P 3 », lunettes de protection, combinaison étanche, gants, sur-bottes. Certaines déchetteries les fournissent. Ils peuvent être achetés sur Internet.
Les produits de type dalle de sol (Dalami), s’ils sont dégradés, ils doivent être enlevés par une entreprise certifiée.
Les précautions ne concernent pas que vous :
Il est de votre devoir de protéger votre voisinage en tenant à distance les personnes non concernées par vos travaux.
Délimitez votre chantier avec des affiches interdisant l’approche et mettez une barrière pour signaler le danger.
Les déchets doivent être emballés au fur et à mesure dans des sacs prévus pour cela (Grand Récipient pour Vrac : GRV ou Big Bag, avec logo «danger amiante» et anses pour portage). Ils sont disponibles dans certaines déchetteries. Ils peuvent être achetés sur Internet. A défaut, vous pouvez emballer vos déchets soigneusement dans un film plastique. Il peut se trouver dans certaines déchetteries ou être acheté sur Internet.
Vos travaux terminés, nettoyez vos protections et équipements en terminant par le masque. Otez-les, puis placez le tout dans un sac hermétique repéré « Danger amiante » et douchez-vous.
Où déposer vos déchets d’amiante ?
Les déchetteries de communautés d’agglomérations ou de communes peuvent collecter pour les particuliers les déchets d’amiante lié mais elles ne prennent jamais l’amiante libre ou l’amiante friable. Pour ces types de déchets d’amiante, il faut faire appel à une société spécialisée.
Il est impératif, avant tout démontage de matériaux amiantés que vous entreprenez vous-même ou d’évacuation de ces déchets que vous découvrez chez vous, de vous déplacer à la déchetterie la plus proche de votre domicile pour prendre connaissance des conditions de reprise de ces déchets. Certaines déchetteries demandent que vous preniez un rendez-vous avant d’accepter vos déchets. Elles peuvent vous remettre un « kit » de sécurité gratuit comprenant les GRV d’emballage, l’Equipement de Protection Individuel (EPI) et une notice de consignes à respecter.
Pour obtenir l’adresse de la déchetterie la plus proche de votre domicile qui accepte l’amiante adressez-vous à votre mairie, votre communauté d’agglomérations ou de communes ou aller sur Internet.
Rappel important : Vous êtes responsables de tous les déchets provenant de votre domicile, y compris les déchets d’amiante. L’abandon de déchets sur la voie publique est strictement interdit et puni par la loi (lourdes sanctions qui peuvent aller jusqu’à un an de prison ferme).
La procédure d’évacuation des déchets d’amiante pour les particuliers.
Tous les déchets d’amiante lié que vous voulez évacuer doivent être soigneusement emballés. Pour leur transport, ne pas les introduire dans votre véhicule personnel mais utilisez plutôt une remorque bâchée. Lavez votre remorque après avoir transporté vos déchets.
Renseignez-vous sur les quantités d’amiante prises par la déchetterie que vous avez choisie. Cette quantité est variable d’une déchetterie à l’autre et la gratuité du dépôt n’est pas toujours proposée pour la totalité des quantités acceptées.