VILLENEUVE-LE-ROI :
Profs et élèves évacuent le lycée Brassens

Dans son édition du 21 décembre 2017, Radio France Bleu annonce que « depuis le début de la semaine, les cours ont été suspendus au lycée Georges Brassens de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Les professeurs ont également exercé leur droit de retrait. »

L’article précise que, « le 25 novembre dernier, des fibres d’amiante ont été mesurées dans l’air et avec un taux deux fois supérieur à la normale (11 fibres par litre d’air alors que la norme est à 5). »

Construit dans les années soixante, ce lycée pourrait comporter diverses sortes de matériaux amiantés ailleurs.

Cette alerte a fait l’objet d’un débat au sein du conseil municipal.

Elle pose au moins deux questions :

1) Quels moyens pour garantir une rentrée 2018 en sécurité dans ce lycée ?

2) A quelle date seront engagés les importants travaux de rénovation qui sont indispensables pour garantir des conditions d’études décentes pour les élèves d’Ablon, d’Orly et de Villeneuve-le-Roi ?

Ecoles de la Rue Bachelet à Saint-Ouen (93) :
enseignants et parents d’élèves se mobilisent contre l’amiante

Les écoles élémentaire et maternelle de Saint Ouen sont toutes deux situées rue Bachelet. La première abrite 400 enfants, la seconde 222. Il s’agit d’un bâtiment construit dans les années soixante, et qui – à l’époque – était considéré comme une solution temporaire. Toute la structure est littéralement infestée d’amiante.

« Les plombiers ne savaient pas qu’ils perçaient une cloison en amiante-ciment. »

L’amiante ? On en trouve du sol au plafond sous forme de dalles, colles, cloisons, faux plafonds, etc.

La démolition de ces bâtiments est annoncée depuis des années mais la pression démographique, très forte dans cette circonscription, en repousse continuellement la mise en oeuvre, malgré le triste état dans lequel l’école se trouve aujourd’hui.

En juin 2016, suite à plusieurs incidents graves, quelques parents d’élèves élus font une visite approfondie des lieux. Ils ne connaissent alors pas grand-chose à l’amiante. Ils prennent des photos et demandent une expertise indépendante.

Des mesures d’empoussièrement sont réalisées, quelques travaux entrepris sans qu’ils puissent savoir exactement lesquels, car ils n’ont pas accès aux documents officiels, et notamment au Dossier technique amiante, le DTA.

L’affaire rebondit fin octobre 2017. Suite à une fuite d’eau (cela faisait plus de 15 jours qu’il n’y avait plus d’eau dans les étages), une entreprise de Gennevilliers vient effectuer des réparations. Les plombiers percent deux trappes d’environ trente centimètre de côté à travers des cloisons en amiante-ciment pour atteindre les tuyauteries. Personne ne les a informés qu’ils intervenaient sur un bâtiment amianté ! Ce matin-là, les services techniques de la mairie qui auraient dû venir sur le site pour accompagner l’intervention ne sont pas joignables au téléphone.

Alertée par le bruit et la poussière, une enseignante informe les plombiers de la nature du matériau qu’ils ont percé. Ils stoppent aussitôt le chantier.

Une responsable des parents d’élèves, très attentive à ces questions, arrive juste à temps pour les voir quitter les lieux vers 13 heures 30.

à la fin de la pause du midi, les enseignants refusent de remonter en classe. Les enfants vont devoir passer l’après-midi dehors.

Argument-massue pour rassurer les parents : « Il n’y avait pas d’odeur d’amiante » ( !)

La directrice générale, le directeur des services techniques et la mairie s’efforcent de rassurer : « Cela ne sentait pas l’amiante ». Cet argument ahurissant peine à convaincre les réfractaires.

L’inspecteur de circonscription de l’éducation nationale, dépêché sur place après avoir été alerté par le directeur et en accord avec sa hiérarchie, demande également aux enseignants de regagner leur classe.

Ils s’y opposent, tout comme les parents d’élèves qui refusent de voir leur enfants traverser des zones amiantées.

En fin de journée, de guerre lasse, la mairie annonce que l’école restera fermée le lendemain pour raisons techniques. Les enfants rentrent donc chez eux, sans leurs manteaux, ni leurs cartables, restés dans l’établissement.

Certains parents d’élèves contactent alors l’Addeva 93 dont ils ont trouvé les coordonnées sur Internet pour obtenir de l’aide, des infos et des idées.

L’Addeva leur conseille, d’une part de se constituer en association de parents d’élèves afin de pouvoir obtenir l’accès aux documents, notamment le DTA qui leur est encore refusé, d’autre part d’informer les professeurs et les agents de service afin de les mobiliser sur ce thème.

Une première réunion se tient le 23 octobre 2017 et réunit Henri Boumandil de l’Addeva 93, Didier Faure – le « Monsieur réglementation » du groupe prévention de l’Andeva – ainsi que sept parents d’élèves.

Un responsable dépêché par la mairie vient présenter des résultats aux parents d’élèves. Ils sont issus d’un dossier technique amiante, réalisé… en avril 2014. Un document obsolète, puisque le DTA doit être remis à jour tous les trois ans. Moins naifs qu’on ne l’espérait en haut-lieu, les parents décident de « retenir » l’infortuné messager. Ils ne le libéreront qu’à condition qu’on leur présente des résultats d’analyses et de mesures récentes.

Le premier adjoint directeur général de la mairie est alors mandaté en catastrophe pour les apporter. Le diagnostic 2017 communiqué ce jour révèle à la fois une dégradation avancée de l’amiante en place et une dégradation structurelle importante des bâtiments. Le rapport insiste sur la nécessité de mener des analyses complémentaires plus poussées.

Au dernières nouvelles, les parents d’élèves ont demandé que soit organisée une grande réunion avec la présence de l’ARS, de Veritas, de l’APAVE et bien sûr de l’Addeva 93. Ce n’est pas encore gagné, car la mairie qui se dit favorable à l’idée ne semble pas pressée de l’organiser.

Des problèmes aussi sérieux devraient également concerner les représentants de la municipalité, du département, du rectorat et de l’inspection du travail.

HENRI BOUMANDIL (secrétaire de l’Addeva 93)
« Des parents d’élèves, des enseignants s’adressent à notre association »

« L’une des premières écoles à avoir contacté l’Addeva 93 a été le collège Jean Moulin à Aubervilliers, se souvient Henri Boumandil. Une réunion a pu être mise sur pied. Elle a réuni 30 personnes : professeurs, parents d’élèves, agents de service, responsables de la mairie, médecins… Elle a abouti à la fermeture provisoire de trois classes ».

Henri à 86 ans. Atteint de plaques pleurales et d’asbestose, il doit aujourd’hui vivre sous oxygène. Il a travaillé de longues années à l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics) et connaît bien le risque amiante.

« Dans ce type de dossier, explique-t-il, il est important de récupérer le Dossier technique amiante (DTA). Il permet d’analyser la situation et d’aider à sensibiliser le corps enseignants et les parents d’élèves au problème de l’amiante en place. L’association ne peut l’obtenir directement. C’est aux enseignants et aux parents d’élèves d’en faire la demande. »

Henri poursuit : « Il faut essayer d’obtenir une réunion qui rassemble le maximum de personnes concernées. Ce fut le cas pour l’école de Noisy-le Sec où non seulement des enseignants et des parents d’élèves, mais aussi des agents du département et des médecins étaient présents. Les travaux prévus dans l’école ont pu de cette façon être avancés. »

L’intervention de l’Addeva est appréciée, mais elle a du mal à répondre à toutes les sollicitations. « Nous venons d’être contactés par des personnes des écoles d’Anthony et de Neuilly-sur-Marne. Nous risquons d’être débordés. Ce sont des dossiers lourds, complexes, avec souvent des réunions le samedi matin. Il faudrait presque une personne à temps complet !

Dans l’immédiat, notre projet est de constituer une sorte de dossier témoin, adaptable à la plupart des écoles concernées. Il détaillera les matériaux contenant de l’amiante présents dans les locaux scolaires et la réglementation à connaître pour répondre à la majorité des cas. »


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva N°56 (janvier 2018)

Share This