4 mai 2018 : réunion publique à Aulnay-sous-Bois sur le CMMP
L’usine CMMP qui a broyé des centaines de tonnes d’amiante par an pendant plusieurs décennies a fermé ses portes en 1991. Mais elle continue encore à tuer celles et veux qui ont respiré ses poussières mortelles en ayant travaillé, habité ou étudié près de cette usine-poison.
Virginie Dupeyroux en a apporté un douloureux témoignage dans un livre qui vient de paraître : « Amiante et mensonges : notre perpétuité / Le journal de Paul et Virginie. » Paul, son père, et Simone, sa grand-mère, qui habitaient près de l’usine, ont tous deux été emporté par un mésothéliome, un cancer de la plèvre spécifique de l’amiante.
A l’appel des associations (Collectif des riverains et victimes du CMMP, Ban Asbestos France, Association départementale de défense des victimes de l’amiante en Seine-Saint-Denis, Aulnay Environnement) et de la mairie d’Aulnay-sous-Bois, une réunion publique s’est tenue le 4 mai. Elle avait pour buts de présenter ce livre et relancer la recherche active de nouvelles victimes pour les aider à faire valoir leurs droits (voir le tract d’appel).
Gérard Voide, du Collectif des riverains et victimes du CMMP, a rappelé la longue bataille menée par les associations : les mensonges du pollueur et de la préfecture, l’inertie des autorités de santé, la lutte pour la déconstruction en sécurité de l’usine d’amiante, l’envoi de 7000 lettres aux anciens élèves des écoles proches, le soutien de la mairie et les reculs de l’Agence régionale de santé…
Anne Marchand, du Giscop (Groupement d’intérêt scientifique : surveiller les cancers d’origine professionnelle) a présenté les études scientifiques sur les ravages du CMMP : celle de la cellule inter-régionale d’épidémiologie (CIRE), celle du GISCOP, et l’étude partenariat institutions-citoyens (PICRI) qui est en cours.
Virginie Dupeyroux, auteur du livre et membre de Ban Asbestos, très émue, présenta son expérience vécue de la maladie et du comportement de certains médecins, la prise de conscience de l’origine de ces maladies et la démarche qui l’avait conduite à écrire ce livre pour apporter le témoignage de son père et le sien sur le vécu de ce scandale sanitaire et pour faciliter la recherche active de victimes.
Alain Bobbio (Addeva 93) rendit hommage au livre de Virginie. Il dénonça le cynisme des dirigeantes du CMMP qui ont sciemment contaminé les ouvriers et les habitants d’Aulnay. Il rappela que c’est grâce à l’action des associations que l’usine avait été déconstruite en sécurité sous bulle, après dféménagement des élèves. Il défendit le droit des patients et de leur famille à être respectés, informés et à peser sur les choix thérapeutiques.
Robert Halifax (Aulnay Environnement) rappela que son association s’était investie de longue date dans cette lutte unitaire pour la défense de la santé et de l’environnement.
Un débat s’ouvrit avec la salle. Un intervenant qui avait assuré des livraisons pour l’usine et ses clients apporta un précieux témoignage sur la mémoire des conditions de travail passées. Une veuve évoqua la fin de vie de son mari atteint d’une pathologie pulmonaire très invalidante et les carences du corps médical. De nombreuses questions sur l’amiante furent posées, notamment sur le temps de latence entre exposition et maladie, sur le repérage dans les bâtiments, sur l’utilisation du terrain à l’emplacement de l’usine, sur lequel a été coulé une dalle de béton…
A cette occasion fut rappelée la volonté des associations de voir érigée une stèle bien visible en mémoire des victimes de l’amiante du CMMP. Nicole Voide insista pour que cette stèle soit sur le site même de l’usine. Tous les participants qui se sont exprimés étaient de cet avis. A l’issue de la discussion, Monsieur Canaroso, représentant de la mairie, affirma que cette volonté serait respectée.
L’idée d’une sensibilisation des élèves de l’école du Bourg a été lancée. Elle pourrait s’inspirer du formidable travail fait par les enseignants de Casale Montferrato, ville-martyre de l’amiante en Italie.
Elsa Sabado, journaliste indépendante, indiqua qu’un projet théâtral sur la lutte du CMMP était en cours de réalisation.